GUIPAVAS
( Louis Le Guennec, Le
Finistère monumental )
En remontant au nord la jolie coulée
de Mesgalon, on rencontre le manoir du même nom, construction du
XVIème siècle à fenêtres coupées de meneaux
en croix, puis on rejoint la grande route de Brest, en face du manoir de
Froutven, restauré au XVIIIème siècle, mais qui garde
d'une époque antérieure son élégante porte
à colonnettes. Une chapelle jadis dédiée à
St Eutrope, tourne vers le chemin son clocheton couvert en coupole et sa
fenêtre pratiquée au ras du sol. Cet oratoire abrite de nombreuses
statues, entre autres une sainte Catherine foulant aux pieds la tête
du tyran Maximin, une sainte Thérèse age-nouillée
et la statuette d'un seigneur du XVème siècle en prières,
et une Piéta en kersanton. Au-dessus de l'autel, triptyque peint
qui paraît représenter le Jugement dernier.
AUTOUR DU MOULIN BLANC
( Louis Le Guennec, Vieux
souvenirs bas-bretons )
En tout cas, la voie de Morlaix à
Brest devait passer un peu plus au sud pour se confondre avec le chemin
actuel dans les parages du manoir de Froutven. Ce manoir, dont nous apercevons
la façade blanche à travers les feuillages d’un jardin, au
milieu de dépendances délabrées, ne paraît pas
être, de prime abord, antérieur au XVIIIème siècle.
Il faut s’approcher pour reconnaître que ses fenêtres ont des
moulures gothiques, et y pénétrer pour trouver une jolie
porte ogivale à colonnettes. La chapelle domestique, jadis dédiée
à Saint Isidore (Eutrope ?) , tourne vers la grand’route son clocheton
à coupole et sa fenêtre à meneaux pratiquée
presque au ras du sol. Un pavé y conduisait du manoir, permettant
d’y accéder en hiver sans s’enliser dans le chemin devenu un marécage.
En face, il y a le socle octogonal d’une croix démolie, où
reste planté un tronçon de fût. Dans le jardin, d’un
agréable aspect d’autrefois avec ses charmilles et ses ronds-points,
on trouve un vieux buste de terre cuite déterré il y a quelques
années; c’est, semble-t-il, le portrait d’un général
ou d’un officier supérieur du Premier Empire ou de la Restauration,
en épaulettes, catogan et cravate.
Froutven appartenait au XVIème
siècle aux Rivoalen de Mesléan. Jérôme Rivoalen,
sieur de Froutven, fait prisonnier par Sourdéac sous la Ligue, dut
emprunter de l’argent pour payer sa rançon, à Louis Barbier,
sieur de Kerjean, son oncle. L’obligation existe aux archives de Lesquiffiou.
En 1674, le manoir de Froutven, avec colombier et chapelle, était
à Messire François de Rollon et dame Claude de Gouzillon,
sieur et dame de Grandmaison. On le re-trouve ensuite aux mains des Le
Chossec de Froutven, puis des Coataudon par alliance. J’ignore ses possesseurs
après la Révolution.
La famille de Coataudon, que je
viens de nommer, avait son berceau tout voisin du Froutven, un peu en amont
de la même vallée.
LE FROUTVEN
( Louis Le Guennec, Nos vieux
manoirs bretons )
Jean-Baptiste de Coataudon, fils
aîné des précédents, devint lieutenant-colonel
au régiment de Castries et succéda à ses aïeux
dans les fonctions d’officier de garde-côtes. Il épousa en
1754 sa voisine, Marie-Anne Le Chossec du Froutven, héritière
fort bien dotée de ce joli manoir, acquit en Léon plusieurs
belles terres : Kermeur, en Guipavas, Tromanoir, en Plouénan, Kerenez,
en Kerlouan, etc., et se conforma aux patriarcales traditions de sa race
en ayant dix enfants au destin desquels ne devaient point manquer les plus
tragiques péripéties.
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